Vitality, l’équipe dominante de 2025, vise désormais le dernier obstacle avant d’asseoir sa suprématie : le BLAST.tv Austin Major.
Actuellement en lice sur leur dernier tournoi avant le Major, les joueurs de Vitality ont déjà signé une victoire face à Legacy et comptent bien poursuivre sur cette lancée pour entretenir leur série de victoire.
Avec l’événement le plus important de l’année qui approche à grands pas, nous avons échangé avec leur IGL, apEX, pour parler de leur saison jusqu’ici, de son évolution en tant qu’IGL, et de l’importance que peut avoir une victoire à l’IEM Dallas pour maintenir la confiance au sein de l’équipe.
C’est une très bonne année pour Vitality. Comment tu te sens ? Tu t’attendais à ça avec l’arrivée de ropz ?
Franchement, c’est une année exceptionnelle. On a déjà remporté cinq trophées, c’est la première fois que ça m’arrive en si peu de temps, et on est seulement en mai. Je suis super fier.
Pour être honnête, je ne m’attendais pas à gagner autant. Je savais qu’on allait gagner, parce que je connais le talent qu’on a dans l’équipe, mais pas à ce point-là. C’est une belle surprise. Et ce qui est sûr, c’est que plus tu gagnes, plus tu as envie de continuer, et surtout de remporter le plus gros titre. C’est ce qu’on vise maintenant.
Ça fait un moment que vous êtes au sommet. C’est quoi la clé, selon toi ? C’est cette envie de gagner qui reste intacte ? Ou vous avez aussi profité des changements chez vos concurrents directs ?
À chaque fois qu’une équipe domine, on essaie toujours de minimiser ses succès en disant que les autres équipes sont moins bonnes. Mais ce n’est pas mon problème si elles jouent moins bien. Mon objectif, c’est de gagner autant que possible.
Avec l’équipe qu’on a, on reste toujours motivés. On a une vraie éthique de travail, un bon mélange de talents, et des joueurs de très haut niveau. C’est cette combinaison qui fait la différence.
Tu penses que tu es au sommet de ton niveau en tant qu’IGL, ou tu es simplement dans la continuité de 2023 ?
C’est marrant parce qu’un IGL est souvent jugé uniquement sur les résultats. Je ne pense pas avoir été un mauvais leader l’année dernière, mais ce qui s’est passé dans l’équipe à ce moment-là a rendu les choses compliquées. Je ne suis pas meilleur qu’en 2023, j’ai bossé comme un acharné ces deux dernières années, c’est tout.
Alors oui, peut-être que je suis à mon apogée parce qu’on gagne des titres, mais je ne pense pas que ce soit lié à ma manière de call. Je continue de travailler comme avant. Je crois surtout qu’on arrive à gagner plus de rounds qu’avant, donc forcément ça rend les choses plus faciles pour moi en tant qu’IGL.
Tu as tout gagné sur CS. Où tu te situes parmi les meilleurs IGL de l’histoire selon toi ?
C’est toujours difficile de se juger soi-même, mais je dirais que je suis dans le top 3. Avec la longévité que j’ai eue et tout ce que j’ai remporté ces cinq dernières années, je pense avoir construit quelque chose de solide.
Pour moi, gla1ve et karrigan sont devant, mais j’ai encore du temps devant moi pour progresser et peut-être les rattraper. Et juste derrière, il y a FalleN, pronax… Eux aussi ont marqué leur époque.
Il y a cinq ans, tu t’imaginais accomplir tout ça, ou que ton succès viendrait d’une équipe internationale ?
Absolument pas. Quand j’ai commencé à lead, c’était avec une équipe française, en pleine période COVID. Mon but, c’était simplement d’être le meilleur IGL possible. Je ne pensais pas à devenir l’un des plus grands, je ne me projetais pas aussi loin. Je voulais juste retourner sur LAN, gagner des titres, peut-être un autre Major… mais jamais je n’aurais cru réussir autant en si peu de temps.
En repensant au BLAST.tv Paris Major, tu parlais d’un plan pour arriver en forme pile au bon moment. Cette année, c’est différent : vous êtes déjà au sommet. Est-ce que ça change votre approche avant d’aborder le Major d’Austin ?
Clairement, oui. Quand on arrivera à Austin, on sera les grands favoris — et ça, c’est une chance. Beaucoup aimeraient être à notre place. Comme tu dis, c’est un scénario complètement différent de 2023. À Paris, on n’était pas les meilleurs en arrivant.
Cette fois, le but, c’est de ne pas se focaliser sur le fait que c’est le Major. On veut l’aborder comme un tournoi « normal », où il faut simplement tout donner pour aller au bout.
Évidemment, il y aura de la pression en plus. Mais ce qui compte, c’est de rester concentré sur le jeu, sur notre Counter-Strike, sur les aspects techniques, sur notre synergie… et de tout mettre en place pour être la meilleure version de nous-mêmes au moment de jouer le Major.
Tout le monde a bien performé cette année, mais on voulait prendre un moment pour mettre en lumière mezii ; on a l’impression qu’il a franchi un cap. Est-ce quelque chose que tu comptais exploiter, avec ou sans l’arrivée de ropz ?
Avant tout, il faut rappeler que mezii jouait tous les rôles d’ancrage l’an dernier, ce qui n’était pas forcément naturel pour lui. Il avait déjà occupé ces positions de temps en temps, mais jamais sur toutes les maps. Aujourd’hui, il a aussi des rôles plus mobiles, ce qui l’aide beaucoup.
Ce qui est intéressant avec mezii, c’est qu’il est capable de très hauts pics de niveau, mais il peut aussi parfois avoir des creux. J’aimerais qu’il soit un peu plus constant. Évidemment, c’est normal d’avoir des moments compliqués, mais parfois quand il galère, c’est vraiment difficile.
Cela dit, il est bien meilleur que l’année dernière. Il est incroyable. J’aime beaucoup l’espace qu’il prend dans l’équipe. Il sait que 2024 n’était pas à la hauteur de ses ambitions, et aujourd’hui il a l’occasion de montrer de quoi il est vraiment capable, et il le fait très bien. Je suis content de l’avoir avec nous.
Dans leurs interviews, les équipes derrière vous aiment dire qu’elles sont proches de vous battre, mais selon toi, quelle est vraiment l’équipe la plus menaçante ?
Pour l’instant, je dirais Falcons. Ils ont été solides contre nous, ce sont ceux qui ont été les plus proches de nous accrocher. On sait tous, au fond, qu’on va finir par perdre un jour. La série de victoires est incroyable, mais elle ne durera pas éternellement.
Tu parlais justement de cette série de victoires, est-ce que c’est quelque chose à quoi vous pensez souvent ? La série de NIP est encore loin, mais est-ce que vous y pensez comme un record moderne ?
Quand on a gagné trois ou quatre tournois d’affilée, on a commencé à regarder où on en était dans le classement des séries. On savait qu’on approchait du top 3, donc ça nous a motivés à y arriver.
Mais franchement, c’était plutôt en arrière-plan. À Melbourne, ce qu’on voulait vraiment, c’était le Grand Slam, et la série de victoires est venue avec. Ce n’était pas un objectif principal.
On a quand même eu un petit boost de motivation pendant BLAST Rivals, parce qu’on savait qu’on était proches du record de Liquid, et être dans le top 2 de cette ère de CS, c’est légendaire. Donc on s’est dit que c'était le moment. Mais à part ça, ce n’est pas un truc qui nous obsède.
Comme tu dis, le record de NIP est loin. Je ne pense pas qu’on puisse l’atteindre. Si on y arrive, ça voudrait dire qu’on ne perd plus de l’année… et franchement, c’est dur à croire. Faut rester lucide : on va forcément perdre à un moment donné. La vie nous a déjà trop gâtés pour qu’on reste invaincus encore cinq mois.
Vous commencerez le Major à la phase 3, ce qui vous donne plus de temps de préparation. Est-ce un avantage quand on est l’équipe à battre et que tout le monde vous étudie ?
Oui, et c’est normal. Tout le monde aimerait être à notre place. Évidemment, ça veut dire que les autres vont sûrement nous analyser plus en détail et qu’ils auront une motivation en plus pour nous faire tomber. C’est possible.
Mais on a mérité notre place, on a beaucoup travaillé pour en arriver là. Donc pour nous, c’est juste une question de gérer la pression et de tout donner pour remporter ce Major, parce que c’est l’objectif principal. Quand tu performes aussi bien pendant cinq mois, ce que tu veux vraiment, c’est gagner le Major.
Vous êtes déjà aux États-Unis pour l'IEM Dallas. Vu que c’est le dernier tournoi avant le Major et que vous êtes sur une grosse dynamique, est-ce que ce tournoi prend une importance particulière pour maintenir ce niveau de jeu et éviter un coup de mou avant le Major ?
Je pense pas que perdre ici, même en phase de groupes, casserait notre confiance. On s’est construit une vraie base mentale avec les cinq derniers tournois.
On voit plutôt ce tournoi comme un moyen de faire le point sur où on en est actuellement, et sur ce qu’il faut encore ajuster avant le Major. On arrive ici avec très peu de préparation, seulement cinq jours de practice, parce qu’on a pris une semaine de pause juste avant. Donc on sait qu’on n’est pas au top de notre forme.
Mais on a fait ce choix-là pour arriver frais mentalement au Major. Peut-être qu’on va continuer de surfer sur notre confiance actuelle, peut-être pas, on verra. Mais quoi qu’il arrive, ce tournoi doit surtout nous servir de préparation.
BLAST ApS., Hauser Plads 1, 3., 1127 Copenhagen